Myopathie Myotubulaire : les résultats de l’essai clinique de thérapie génique montrent une efficacité sur les fonctions respiratoire et motrice.

La revue The Lancet Neurology a publié le 15 novembre les résultats cliniques de l’essai de thérapie génique avec un candidat-médicament conçu à Généthon chez 24 enfants atteints de myopathie myotubulaire, une maladie rare et très sévère des muscles.

Cette thérapie génique a été mise au point par l’équipe d’Ana Buj Bello, Responsable de l’équipe « maladies neuromusculaires et thérapie génique » à Généthon et Directrice de recherche à l’Inserm. Elle associe un vecteur viral adéno-associé (AAV8) et le gène MTM1. En 2017, AUDENTES (devenu Astellas Gene Therapies) a lancé l’essai clinique international permettant de tester le candidat-médicament développé avec Généthon.

24 enfants de moins de 6 ans atteints de myopathie myotubulaire et sous assistance respiratoire au moins 22h par jour ont ainsi été traités dans deux cohortes : 7 d’entre eux à une première dose, 17 autres à une seconde dose plus forte.

Cinq ans plus tard, les résultats montrent une efficacité avec des effets thérapeutiques majeurs, permettant à la grand majorité des enfants traités, jusqu’à présent hypotoniques, trachéotomisés et gastrotomisés, de respirer seuls, se lever et même, pour certains, de marcher. Des effets secondaires sévères conduisant au décès de 4 enfants sont en cours d’investigation.

Les résultats en détail : 

  • 16 enfants ont pu se passer d’assistance respiratoire, auparavant indispensable 22h/24, dans les 14 à 97 semaines après traitement
  • 20 enfants peuvent tenir assis au moins 30 secondes. Parmi eux, 12 peuvent se lever seuls et 8 peuvent marcher sans soutien alors qu’aucun enfant ne pouvait le faire avant traitement.
  • 4 enfants montrant a priori des signes d’une pathologie hépatobiliaire (du foie) pré-existante sont décédés. L’essai a été suspendu le temps de comprendre l’origine de ces complications 

« Ces résultats cliniques montrent à la fois combien la thérapie génique peut être spectaculairement efficace et les défis qui restent à relever notamment dans le domaine des effets secondaires dans certains contextes. Si nos équipes sont déjà engagées dans la compréhension et l’anticipation de ces questions, les connaissances issues de cet essai clinique qui mettent en évidence certaines limites et susceptibilités hépatiques particulières, sont riches d’enseignement pour toute la communauté scientifique. Je tiens à saluer l’excellence des travaux d’Ana Buj-Bello qui ont permis des effets thérapeutiques majeurs chez la majorité des enfants traités, et qui représentent le premier traitement potentiel pour cette maladie rare et mortelle. » ajoute Frédéric Revah, Directeur général de Généthon

En France, un jeune malade, Jules, a été traité à I-Motion centre d’essais cliniques pédiatriques de l’Institut de Myologie, à Paris, par le Dr Andreea Seferian, neuropédiatre, investigatrice de l’essai. Avant le traitement, Jules ne pouvait ni respirer, ni parler ou manger. Depuis l’administration par voie intraveineuse de la thérapie génique en 2020, les progrès sont impressionnants. Aujourd’hui, Jules est de plus en plus autonome : Il respire sans assistance, il marche, fait du vélo, monte les escaliers, court, joue au foot …  Découvrez son parcours en images  

« J’ai consacré toute ma carrière à travailler sur la myopathie myotubulaire. Des années de recherche ont été nécessaires pour imaginer, concevoir le vecteur-médicament et en démontrer l’efficacité pour cette maladie très sévère et complexe. Même si nous devons absolument comprendre les raisons des effets secondaires observés dans le cadre de cette étude clinique, il est exceptionnel de voir des enfants que l’on savait condamnés faire d’incroyables progrès grâce à ce candidat-médicament » souligne Ana Buj-Bello, Directrice de recherche à l’Inserm et Responsable de l’équipe « Maladies neuromusculaires et thérapie génique ».