Les données issues de l’essai GNT-018-IDES confirment la faisabilité de l’imlifidase en tant que prétraitement dans le cadre d’une thérapie génique chez les patients atteints du syndrome de Crigler-Najjar qui sont immunisés contre l’AAV
Généthon, le laboratoire français leader de la thérapie génique pour les maladies rares, et Hansa Biopharma, pionnier de la technologie enzymatique pour les maladies immunologiques rares, annoncent qu’une patiente atteinte d’une maladie rare du foie et immunisée contre le vecteur AAV a pu être traitée grâce à l’administration préalable d’Imlifidase, une enzyme capable d’inhiber temporairement la réponse immunitaire. Cette première, réalisée dans le cadre d’un essai clinique évaluant la thérapie génique GNT0003, est une avancée significative dans le traitement de malades présentant des anticorps contre les AAV, et par conséquent non éligibles aux essais cliniques et aux traitements de thérapie génique déjà disponibles.
La thérapie génique consiste à injecter un gène-médicament dans un organisme grâce un vecteur, un « moyen de transport » la plupart du temps dérivé de virus, comme les AAVs (virus adéno-associé) qui sont couramment utilisés pour la thérapie génique des maladies neuromusculaires, du foie, de la vision… Un premier contact avec le virus naturel peut amener l’organisme à développer des immunoglobulines G (IgG), c’est-à-dire des anticorps spécifiques qui neutralisent les AAVs. On estime qu’une personne sur trois serait naturellement immunisée contre les AAVs ce qui exclut, de ce fait, un grand nombre de patients de la possibilité de bénéficier d’une thérapie génique utilisant un vecteur dérivé de ce virus. Pour surmonter cet obstacle, les chercheurs de Généthon ont testé, en pré-traitement, l’imlifidase, une enzyme développée par Hansa Biopharma, capable d’inhiber les IgG, réduisant ainsi le taux d’anticorps anti-AAV et permettant l’administration d’un candidat-médicament de thérapie génique.
Le Dr Jérémy Do Cao (Hôpital Béclère, AP-HP, France) a présenté ce jour, lors du congrès annuel de l’European Society of Gene & Cell Therapy (ESGCT) 2025, les résultats de l’utilisation de l’imlifidase en pré-traitement à la thérapie génique GNT0003 chez une patiente atteinte d’une forme sévère de syndrome de Crigler–Najjar et naturellement immunisée contre le vecteur AAV8, dans le cadre de l’essai clinique (GNT-018-IDES) mené par Généthon en collaboration avec Hansa Biopharma.
Chez cette première patiente traitée, l’étude a montré :
- la faisabilité et la sécurité de cette approche : l’imlifidase administrée avant la thérapie génique GNT0003 a bien « coupé » les anticorps de la patiente et permis le traitement. Aucun effet secondaire sévère, lié à GNT0003 ni à l’imlifidase, n’a été relevé.
- des premières données d’efficacité : le candidat-médicament de thérapie génique GNT0003 a permis de baisser significativement le taux de bilirubine de la patiente qui a pu stopper la photothérapie quotidienne, indispensable jusqu’alors à sa survie, seize semaines après l’injection comme prévu par le protocole. Des données complémentaires seront nécessaires pour confirmer cette efficacité à plus long terme.
C’est la première fois qu’une thérapie génique est administrée avec succès chez une patiente atteinte du syndrome de Crigler–Najjar présentant des anticorps dirigés contre l’AAV8. Si les résultats sont confirmés dans les prochaines étapes de l’essai, cette approche pourrait devenir une option prometteuse pour les patients présentant des anticorps aux AAV, à ce jour non éligibles aux essais cliniques et aux traitements de thérapie génique déjà disponibles.
« C’est incroyable d’avoir eu la chance d’assister à la mise en application clinique de ce projet né dans notre laboratoire. Les données préliminaires obtenues nous indiquent que nous avons encore beaucoup à apprendre sur la réponse immunitaire aux vecteurs AAV mais la solution est potentiellement là » Giuseppe Ronzitti, Directeur de la prospective scientifique de Généthon et Responsable du laboratoire « Immunologie et maladie du foie ».
À propos de l’imlifidase
L’imlifidase est une enzyme unique de clivage des anticorps, originaire de Streptococcus pyogenes, qui cible spécifiquement les IgG et inhibe la réponse immunitaire médiée par les IgG. 6 Elle agit rapidement, en clivant les anticorps IgG et en inhibant leur activité dans les heures qui suivent l’administration. L’imlifidase a reçu une autorisation de mise sur le marché conditionnelle en Europe et est commercialisée sous le nom IDEFIRIX® pour le traitement de désensibilisation des patients adultes hautement sensibilisés ayant subi une transplantation rénale et dont le test de compatibilité croisée avec un donneur décédé est positif.6