Efficacité de la thérapie génique dans les modèles murin et canin de myopathie myotubulaire

Evry (France), le 22 janvier 2014. Une équipe de chercheurs français du laboratoire Généthon, dirigée par le Dr Anna Buj Bello (Généthon/Inserm), et les équipes américaines de l’University of Washington et de Harvard Medical School, ont démontré l’efficacité d’une thérapie génique dans des modèles de la myopathie myotubulaire, une maladie neuromusculaire extrêmement sévère de l’enfant. Le transfert du gène MTM1, déficient dans la maladie, a permis de corriger les muscles atteints chez la souris et le chien et de prolonger la survie des animaux traités. Ces travaux publiés ce jour dans Science Translational Medicine ont été réalisés notamment grâce aux dons du Téléthon français et au soutien du Myotubular Trust.

La myopathie myotubulaire est une maladie génétique liée à l’X qui touche 1 garçon nouveau-né sur 50 000. Elle est due à des mutations du gène MTM1 codant la myotubularine, une protéine impliquée dans le fonctionnement des cellules musculaires. Dans sa forme la plus grave, elle entraîne une hypotonie et faiblesse musculaire généralisée et la mort de l’enfant dans les premières années de vie. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement efficace pour cette maladie rare très sévère. 

L’étude menée par l’équipe française de Généthon, le laboratoire de l’AFM-Téléthon, des chercheurs de l’Inserm et l’équipe américaine de l’University of Washington, avait pour objectif d’évaluer l’efficacité d’une injection intraveineuse unique d’un vecteur viral adéno-associé (AAV) exprimant la myotubularine dans les muscles de souris et de chiens porteurs d’une mutation MTM1. 

Dès 2009 à Généthon (Evry, France), l’équipe du Dr Anna Buj Bello, chercheur de l’Inserm, a réalisé les premières études de thérapie génique par voie intraveineuse sur des souris atteintes de cette pathologie. Leur succès a conduit au développement d’une étude chez les chiens naturellement porteurs de cette anomalie génétique, avec 

les équipes américaines de Boston et de Seattle. Les vecteurs utilisés pour la thérapie génique ont été développés et fabriqués à Généthon. 

Un traitement qui permet un renforcement musculaire significatif, la normalisation de la fonction respiratoire et une survie prolongée 

Les résultats de l’étude indiquent une augmentation de la force musculaire, une amélioration de la fonction respiratoire ainsi qu’une meilleure mobilité, et une survie prolongée des animaux. 

Il s’agit de la première démonstration de correction persistante après une unique injection intraveineuse d’AAV dans un modèle animal de maladie neuromusculaire de grande taille. Une seule dose du vecteur-médicament a ainsi permis l’expression à long terme de la myotubularine dans les muscles. 

Pour le Dr Anna Buj Bello, investigatrice principale à Généthon : « ces résultats sont l’aboutissement de 4 années de recherche et montrent à quel point la thérapie génique est efficace pour cette maladie génétique du muscle. Nous pouvons enfin envisager un essai clinique chez les patients. » 

Pour le Dr Martin Childers de l’Université de Washington : « Ces résultats pré-cliniques sont extraordinaires pour les maladies musculaires héréditaires. Deux des chiens traités avec cette thérapie génique AAV semblent presque normaux, même au niveau microscopique. » 

Pour le Dr Alan Beggs, directeur du Manton Center for Orphan Disease Research de l’hôpital pédiatrique de Boston : « Démontrer que la thérapie génique est efficace pour prolonger la vie de ces chiens est extrêmement excitant et nous permet d’obtenir les informations nécessaires pour envisager des essais cliniques chez l’homme. » 

Pour Fulvio Mavilio, directeur scientifique de Généthon et co-auteur de cette étude : « Ces résultats ont un impact important sur la perspective de développer des traitements contre des maladies neuromusculaires. Ils sont extrêmement prometteurs pour les essais à venir chez l’Homme. » 

Pour Frédéric Revah, directeur général de Généthon : « Pour la première fois, les chercheurs ont obtenu un effet thérapeutique systémique sur une maladie neuromusculaire chez le chien avec une seule injection: le traitement n’agit pas localement mais dans tout l’organisme. Généthon est fier d’avoir travaillé avec les meilleures équipes dans le monde pour parvenir à ce résultat et notre prochain objectif est la mise en place d’un essai clinique chez l’homme. » 

Pour Laurence Tiennot-Herment, Présidente de l’AFM-Téléthon et de Généthon : « Ce résultat obtenu par notre laboratoire Généthon, associé aux meilleures équipes américaines, est une avancée majeure pour les familles qui mènent un combat sans relâche contre la maladie. Notre détermination à vaincre la maladie est plus forte que jamais et, grâce au soutien des donateurs du Téléthon, nous avançons, pas à pas, vers de nouvelles victoires. » 

L’AFM-Téléthon en France, Muscular Dystrophy Association aux Etats-Unis, Myotubular Trust en Grande-Bretagne, Andernson Family Foundation et Joshua Frase Foundation ont participé au financement de cet essai.